D’une certaine gaieté

Les éditons D’Une Certaine Gaieté par elles-mêmes :

Fondée en 1999 à Liège dans la continuité du Cirque Divers, l’association inscrit son action à la croisée des champs de l’éducation populaire et de la culture, reconnue par la FWB.

Avec comme territoire de prédilection ce vieux sillon Sambre et Meuse, zone post-industrielle en reconversion qui a façonné les cerveaux, les corps et l’atmosphère, nous avons comme ambition de dénicher ce qui grouille en-dessous des radars, ce qui vit dans les marges et fomente du dissensus, réclame de la visibilité et revendique de nouveaux droits sociaux. Bref, “nos publics”.

Et comme nous pensons qu’il n’est jamais pertinent (ni souhaitable) de parler à la place de celles et ceux qui s’efforcent de faire entendre leur voix, c’est par le(s) milieu(x) que nous allons enquêter, offrir une caisse de résonance, dessiner les dispositifs de « mise en capacité » (empowerment) et faire émerger, avec les publics, un cadre narratif d’autoreprésentation.

Opérateur culturel pluridisciplinaire, nous sommes actif.ves dans l’édition, l’événementiel et le dispositif d’éducation populaire : sorte de kaleidoscope (de la contre culture), nous produisons des magazines, des fanzines, des roman-photos et des livres mais aussi des objets numériques comme des diaposonores, des podcasts ou des longs formats thématiques ; nous organisons des expos, des concerts, des karaokés, des croisières toxiques, des conférences ou des matchs de catch ; nous produisons des écoutes sonores ou des interventions théâtrales ; nous animons des ateliers socio-artistiques. Nous entendons décloisonner les disciplines et mélanger les publics.

Comme un patchwork qui se tisse, un agencement de fragments protéiformes, les minorités (ou supposées telles) se déploient dans une narration globale où chacun.e est expert.e de son quotidien et libère une parole singulière, pour une dé-hiérarchisation des savoirs.

Cette œuvre globale, cultivant le dissensus et nourrissant le flou, nous la pensons comme une composition transmédia, nous la voulons intersectionnelle, dans un cadre bienveillant teinté d’autodérision. Nous sommes attachés à cette culture populaire que nous concevons comme une sorte de safe space planté au milieu d’une fancy fair. Il s’agit, pour nous, de garantir un accès et une viabilité aux cultures émergentes. De remettre en question les discours et les positions dominantes, et plus généralement les processus et les outils de domination. De déjouer, voire exploser, les codes binaires. All Freaks are beautiful.

L’histoire

Le 12 janvier 1977, le Cirque Divers ouvre ses portes. Le trio Antaki-Jaminon-Kaquet a transformé un séchoir à bananes en un “cabaret/café-concert”, qui devient vite un des lieux mythiques de la contre culture liégeoise. Dans les années 80, il s’institutionnalise un peu en obtenant un subside structurel du ministère de l’éducation permanente.

“Une aventure joyeuse, irrévérencieuse, foutraque, critique et paradoxale (…), la théatralisation du quotidien qui vit mettre en scène des coiffeurs, des pickpockets, des éplucheurs de pommes de terre, des quidams venus prendre un bain… Une “esthétique de l’aléatoire” où s’abolissait toute distance entre la scène et la salle.” (R. Neys in C4 232)

Pendant 22 ans, ce lieu voit défiler performances artistiques, concerts, débats, happenings, expos,… A côté, “Le Lion s’envoile” a pris de l’autonomie et accueille chaque semaine les pointures du jazz liégeois et d’ailleurs. Le cirque, comme le lion, ferment leurs portes en 1999 et de cette aventure nait une ASBL, héritière de ces mythes et réalités, bien décidée à continuer l’aventure ailleurs.

C’est dans la rue des mineurs qu’Antaki et son équipe (le sultan de Bouillon portait bien son titre) prirent leurs quartiers pour y créer une petite salle d’expo et des bureaux. L’ASBL s’attache alors à continuer et à développer l’édition et la publication du magazine C4, et à produire des artistes et diffuser des œuvres dans d’autres lieux que le cirque. Une autre mutation s’opère.

Aujourd’hui le C4 papier est abandonné, Michel est allé retrouver les astres et l’ASBL a déménagé sur le grand Boulevard. De multiples projets (éditions, diffusions, publications, événements, enquêtes, expos…) continuent de sortir de ses cartons et de se réaliser dans d’innombrables lieux à Liège comme ailleurs en Wallifornie.