Hantologies
de Pierpont, Anne
Édité par : Koalath Thématique : livre-dart Genre : Entretien/interview
Cet ouvrage aborde la perte des objets-souvenirs et du 'chez soi' après une catastrophe. Anne de Pierpont travaille principalement les questions de transmission, de mémoire individuelle, familiale et sociétale, les altérations individuelles et écologiques comme états non figés, en mutation.
"Hantologies" puise sa matière dans les rencontres avec des habitants de la périphérie liégeoise qui ont été sinistrés lors des inondations de juillet 2021.
Le livre se compose de différentes parties : un cahier d'images, un autre d'entretiens avec des habitants rencontrés, regroupés en trois chapitres : Le bruit de l'eau, Jours de boue, Après-coup.
Format 25 x 18 cm. 76 pages.
Le texte est issu d'interviews, témoignages oraux des habitants. L'image est une transmission d'archives intimes, de photos de famille dont l'abîmement matérialise l'affection de la perte. Ces visages, ces lieux, ces moments imprimés depuis plusieurs décennies sont définitivement altérés ou ont disparu. La pellicule se craquelle, elle s'est dissoute au contact des hydrocarbures, des auréoles brumeuses se sont formées, d'étranges nuages gris ou aux couleurs flamboyantes, selon l'époque de la photographie. Les sujets sont anonymisés : silhouettes et fantômes, mains solitaires, corps sans tête ou sans pieds,... sur celle-ci l'on peut encore identifier qui de l'oncle, de la sœur, de la grand-mère, sur celle-là quelles vacances, quelle communion, quelle maison. Et sur d'autres : plus rien, que quelques volutes indistinctes.
Ces images qui avaient fixés les moments d'un passé commun et unique à la fois, ont mué vers une autre forme. Cette mutation rend compte de la profondeur du monde contenu dans un simple cliché photographique pour son propriétaire, de la grandeur du mystère pour le quidam qui s'en saisit et de son absolue fragilité matérielle.
Les collections de timbres, les carnets d'écritures, les dessins d'enfants, les meubles de famille : foutus, fichus.
Mais pour tous l'acquisition d'un nouveau et terrible souvenir collectif : l'inondation. Dont le déroulé narratif suit un protocole analogue à tout le voisinage.
Les mêmes mots, les mêmes étapes reviennent dans les bouches sur le constat de la montée de l'eau et de la panique, les mêmes réflexes de survie, les instincts face à la catastrophe.
Ce qui est perdu, la valeur portée aux choses, aux objets de souvenir, c'est là que chaque individu révèle sa singularité.
28€