Taalbarriere, autoédition par Sandrine Morgante
Édité par : Sandrine Morgante
Taalbarrière
2020 Felt-tip pens, ballpoint pens, permanent marker, pencil, white-out pen and Posca on photocopies on A4 paper Prints (reproduction of the drawings) 150 x 200 cm Book: A4, 68 pages, 25 €
Des copies en noir et blanc de manuels scolaires pour les cours de français et de néerlandais constituent l’arrière-plan sur lequel apparaissent des dessins colorés et des textes manuscrits. Les textes reprennent des témoignages d’élèves de l’enseignement secondaire belge provenant des deux côtés de la frontière linguistique, que Sandrine a interviewés dans le cadre de leur cours de français pour les élèves de la communauté flamande, et vice versa. Ces témoignages présentent des points de vue différents, parfois contradictoires, sur la Belgique et ses deux principales communautés linguistiques. Même s’il semble y avoir une certaine curiosité et même une bienveillance envers l’autre culture et communauté linguistique de part et d’autre, les témoignages sont pleins de stéréotypes (péjoratifs) et de présupposés, tant à l’égard de l’autre que de la propre communauté. Ces témoignages révèlent le paysage socioculturel complexe d’une Belgique divisée, et permettent d’entrevoir les disparités politiques et économiques entre les différentes régions du pays.
Dans Taalbarrière, les déterminations culturelles, psychologiques, socio-économiques et géographiques des communautés linguistiques sont mises en lumière, tandis que les erreurs, les hésitations, les mots béquilles, les accents et les barbarismes donnent vie au néerlandais et au français des élèves. Ces langues se montrent charmantes et familières, et l’idée d’un néerlandais ou d’un français « correct », ainsi que d’une identité purement flamande ou purement wallonne, est remise en question. En ridiculisant le manuel scolaire, et en rassemblant des voix et des accents de ces deux communautés belges, Taalbarrière suggère que nous devrions embrasser les accents et les hybridations belges, comme le magnifique « Brusseleir », plutôt que de prétendre à la pureté.
Et c’est pourquoi le titre de Taalbarrière est bien choisi : ce mot évoque une « barrière de la langue », qui sépare par une différence linguistique — ce qui, en Belgique, correspond à une division sur le plan géographique, économique et politique — mais il n’est rien d’autre qu’un amalgame, un mélange, une contraction d’un mot néerlandais (taal ) et d’un mot français (barrière : ).
— Texte de Julie Van Der Wielen



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